APC a créé en 2009 le réseau Sexualité et Internet [1] dans le cadre d’un projet de recherche et de plaidoyer en Inde, au Brésil, au Liban, en Afrique du Sud, aux États-Unis et en Indonésie visant à étudier les problèmes en matière d’internet auxquels font face des communautés LGBT (lesbiennes, gais, bisexuels et trans) et d’autres organisations qui luttent pour les droits sexuels.
En moins d’une décennie d’existence, le réseau EROTICS est déjà passé par plusieurs étapes :
-
EROTICS a amené de nouveaux acteurs provenant de différentes mouvances à former des alliances dans le but de renforcer les mouvements pour la santé et les droits sexuels et reproductifs (DSSR) et a incité les groupes qui militent pour les droits de l’internet à prendre en compte les questions de genre et des LGBT dans leur travail.
-
Les recherches effectuées ont permis d’intégrer la perspective du genre et de la sexualité dans les débats concernant la technologie.
-
Le réseau fournit un soutien direct aux organisations qui subissent des cyberattaques, tant techniques que sociales.
-
Son engagement en matière d’internet et de questions de genre, arrivé à un moment opportun, a permis de sensibiliser les mouvements de DSSR et de les former à l’action politique liée à l’internet pour qu’ils puissent influer sur la conception, l’utilisation et la gouvernance de l’internet, et que celui-ci soit vu comme un outil et un espace public.
Pour voir la liste complète de nos partenaires, cliquer ici.
Les Principes féministes de l’internet
En avril 2014, le réseau a organisé la première Rencontre mondiale sur le genre, la sexualité et l’internet (la deuxième a eu lieu en 2015), qui a permis de rassembler des douzaines d’activistes des droits des femmes, des droits sexuels et des droits de l’internet. Cette rencontre a abouti sur la rédaction des Principes féministes de l’internet, un document de plaidoyer comprenant 15 principes pour défendre les droits sexuels des femmes, des jeunes et des LGBT sur l’internet.
Que s’est-il passé depuis ? Les droits sexuels en Inde, au Népal et au Sri Lanka
S’appuyant sur cette forte coalition préexistante, le projet « Création de Réseaux EROTICS en Inde, au Népal et au Sri Lanka » compte renforcer la participation d’un pays déjà engagé (l’Inde, dont le partenaire est Point of View un membre actif du réseau) et accueillir des acteurs de deux nouveaux pays dans ce type de plaidoyer (Women and Media Collective du Sri Lanka et LOOM du Népal).
Cette initiative a pour objectif de permettre à des activistes pour les droits sexuels de l’Inde, du Népal et du Sri Lanka de s’engager politiquement envers un internet considéré comme un espace public, et ainsi lutter contre la violence envers les femmes et les LGBT liée aux technologies. Le projet renforcera les capacités, le réseautage et la collaboration entre les différentes organisations qui oeuvrent pour les droits sexuels et ceux de l’internet, et ce dans les trois pays, avec l’apport supplémentaire de l’expertise du réseau mondial EROTICS.
Le projet sera bénéfique pour tous les principaux partenaires avec lesquels ces organisations travaillent en Inde, au Népal et au Sri Lanka, c’est-à-dire pour les chercheurs, activistes, blogueurs et défenseurs de la santé et des droits sexuels et reproductifs, notamment les travailleurs sexuels, les LGBT, les femmes handicapées et les survivantes de violence.
À la fin de ce projet, APC et ses partenaires pensent que les activistes des droits sexuels et de l’internet d’Inde, du Népal et du Sri Lanka seront en mesure de créer et maintenir des réseaux solides d’activistes et d’organisations qui sauront non seulement à quelles menaces s’attendre, mais également comment y répondre.
En quoi ce projet est-il important ? Les droits sexuels sont essentiels pour améliorer l’internet et le rendre plus sûr !
Les activistes des droits sexuels se servent de l’internet pour défendre les droits des marginalisés, diffuser des informations relatives à la santé et aux droits sexuels et reproductifs, mener des campagnes contre la violence et la discrimination ou encore renforcer leurs communautés et leur permettre une plus grande diffusion.
En 2013, APC a mené une Enquête internationale de suivi de la régulation des contenus en matière de sexualité dans laquelle 98% des activistes des droits sexuels interrogés indiquaient que l’internet était pour leur travail d’une importance cruciale. Cependant, malgré ces chiffres significatifs, l’enquête a révélé qu’ils étaient confrontés à trois grandes difficultés : tout d’abord, la prévalence de la violence en ligne à l‘égard des femmes et des LGBT à l‘échelle mondiale, qu’il s’agisse de cyberattaques, de menaces, de chantage, de piratage ciblé de certains comptes, ordinateurs ou téléphones portables ; ensuite, la régulation des contenus et la censure à travers le blocage ou le filtrage des contenus liés à la santé sexuelle ou aux droits sexuels par des gouvernements ou des FAI, et enfin le manque de formation ou de connaissances en matière de sécurité en ligne parmi les activistes LGBT et des DSSR, qui est considéré comme l’un des principaux obstacles à leur travail. De plus, même si de plus en plus de projets de renforcement des capacités sont destinés spécifiquement aux organisations LGBT, l’enquête a révélé le manque de lien avec un engagement politique : les activistes des droits sexuels tendent à utiliser l’internet comme un outil et non comme un espace public. Ils participent peu aux discussions sur les droits de l’internet comme le droit à la confidentialité, la sécurité, l’accès, l’information, l’anonymat et la propriété des données en ligne. Quant aux mouvements pour les droits de l’internet et la liberté d’expression, l’enquête souligne un manque de connaissances en matière de violation en ligne des droits humains liés à la sexualité.
Le réseau EROTICS a comme objectif de rapprocher ces deux mouvements à travers le renforcement de l’expertise des activistes des droits sexuels afin d’impulser leur participation aux débats liés aux politiques de gouvernance de l’internet, ainsi que de sensibiliser des organisations de droits de l’internet à l’inclusion de la question des droits sexuels dans leur plaidoyer. La stratégie du réseau consiste à augmenter le nombre d’organisations des droits de l’internet et des droits sexuels provenant de différents contextes afin de créer un internet féministe qui soit sécuritaire pour tous et toutes.
Quels sont nos projets pour 2016 et 2017 ?
-
Renforcer le réseau EROTICS présent en Inde, créer de nouveaux réseaux au Népal et au Sri Lanka.
-
Offrir des formations aux mouvements, organisations, activistes et chercheurs des droits sexuels en Inde, au Népal et au Sri Lanka pour qu’ils s’engagent sur le plan politique dans les questions de droits de l’internet et qu’ils puissent résister à la violence en ligne, mettre fin à la régulation des contenus et la censure, et participer activement aux débats politiques relatifs à l’internet.
-
Effectuer des recherches et des analyses qui examinent en profondeur la question de la sexualité sur l’internet dans le secteur de l’information et des communications, et élaborer des processus de suivi de l’impact de la régulation de l’internet et de la censure sur l’avancée des droits sexuels.
-
Améliorer la communication grâce à des analyses et des recherches sur la question de la sexualité et de l’internet, qui permettront de soutenir l‘élaboration de stratégies de plaidoyer lors des principaux processus politiques et de mettre en place des campagnes spécifiques pour mettre fin à la censure et la régulation des contenus en ligne liés à la sexualité.
-
Défendre l’incorporation des droits des femmes et des LGBT dans les politiques relatives aux droits de l’internet lors des forums décisionnels régionaux et internationaux de gouvernance de l’internet et de défense des droits des femmes, par exemple au mécanisme d’Examen périodique universel du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, au Forum sur la gouvernance de l’internet, au Conseil du statut de la femme et à la Convention sur l‘élimination de toutes les formes de discrimination à l‘égard des femmes.
1 EROTICS vient de l’anglais « Exploratory Research on Sexuality and the Internet », soit Recherche exploratoire sur la sexualité et l’internet.