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La publication «Application of ICTs for climate change adaptation in the water sector: Developing country experiences and emerging research priorities” vient de paraître. Cette collection de rapports examine comment les technologies de l’information et de la communication (TIC) peuvent être utilisées afin d’aider des communautés situées dans les pays en développement à faire face au «stress hydrique» et à s’adapter au changements climatiques.

On reconnaît de plus en plus le rôle et le potentiel des TIC pour aider les collectivités à recourir à des approches novatrices pour se préparer et s’adapter aux changements climatiques et y répondre. Dans le secteur de l’eau, les TIC peuvent contribuer à améliorer les techniques de gestion des ressources en eau, à mieux faire entendre la voix des plus vulnérables dans les processus de gouvernance de l’eau et à créer une plus grande responsabilisation. Mais ces technologies de l’information favorisent aussi souvent l’accès à des informations locales pertinentes qui sont nécessaires à la réduction du risque et de la vulnérabilité et à améliorer le réseautage et le partage des connaissances pour, notamment, diffuser les bonnes pratiques et favoriser les partenariats multipartites.

L’application des TIC pour l’adaptation dans des contextes de «stress hydrique» est confrontée à un défi majeur : le manque de préparation électronique dans de nombreuses collectivités, malgré la prolifération des téléphones mobiles, limite la portée de l’appropriation locale et le potentiel d’utilisation des TIC pour l’adaptation. Il faut donc bloquer les politiques susceptibles de freiner l’adoption des TIC dans les collectivités vulnérables. Mais même s’il existe une volonté et une possibilité d‘évolution, on estime généralement que le potentiel des TIC pour dynamiser une adaptation innovante au niveau local ne peut pas se réaliser. Les modèles novateurs sont subordonnés à l’état de préparation électronique des collectivités locales. L’adaptation implique une localisation, sur le plan du format et de la langue notamment. L’Asie montre que les TIC, même traditionnelles – comme la télévision et la radio – présentent des difficultés pour l’apprentissage local. De même, les stratégies mobiles diffèrent, par exemple, dans des régions comme l’Asie et l’Afrique, et entre les pays de ces continents. Dans ces conditions, seules des applications technologiques rudimentaires générales au niveau local – avec une prise en charge et une utilisation locales – sont susceptibles d‘être réalisables.

Tout en s’appuyant sur les expériences actuelles dans le domaine de la gestion et de la durabilité de l’eau, les auteurs adoptent avant tout une perspective axée sur les TIC pour le développement (TICpD). C’est pourquoi les rapports doivent être interprétés à l’aune d’un travail exploratoire qui ouvre de nouvelles perspectives au domaine de la sécurité de l’eau dans des communautés vulnérables.

Commissionnée par le Centre de recherche en développement international (CRDI) et l’Association pour le progrès des communications (APC), cette collaboration entre les deux organisations a inclu plusieurs activités, y compris des recherches régionales, des ateliers, le partage du savoir et des expériences, ansi que des discussions de terrain.

La gestion de l’eau et le développement durable soient une préoccupation de tous. Ce sont pourtant pour l’instant des spécialistes qui, au fil du temps, ont fait connaître le rôle TIC dans la lutte aux changements climatiques et la conservation de l’eau. Or, les spécialistes concluent ici que nous sommes confrontés à de nouveaux défis sur le plan théorique et que l’analyse de la problématique de l’eau souffre toujours et encore des lacunes concrètes. D’abord, il n’existe pas suffisamment de projets démontrant concrètement l’impact positif potentiel et innovant des TIC dans la gestion des ressources en eau au niveau local. Ceux qui existent ne sont pas encore suffisamment répandus pour répondre aux besoins d’adaptation des collectivités confrontées à des crises reliées à l’eau, compte tenu de l’impact qu’a d’ores et déjà le changement climatique sur le niveau local.

Parallèlement, le secteur des TICpD lui-même n’a pris que récemment réellement conscience de la façon dont le changement climatique influera sur son travail – l’interface entre les TIC, les changements climatiques et l’eau est un enjeu complexe qui implique une nouvelle dynamique sur le plan des politiques, des nouveaux secteurs et même des sciences que de nombreux praticiens peuvent ne pas bien connaître. Il reste à voir comment le secteur s’adaptera à un domaine de recherche relativement récent, et un des objectifs de cette publication est de dynamiser ce processus.

Le rapport rassemble les conclusions tirées par les chercheurs, dont la plupart se chevauchent. Les auteurs décrivent ce qu’ils appellent les dimensions de la vulnérabilité des ressources en eau en offrant une perspective systémique qui repose sur une évaluation du potentiel des systèmes – un ménage, un groupe, une ville – à être exposés à des chocs externes et sur leur capacité à faire face aux conséquences de ce choc.

Surtout, les auteurs font valoir que l’adaptation ne doit pas être considérée comme un élément nouveau : les individus, les collectivités, les groupes et les villes s’adaptent en permanence. Cela doit être considéré comme une partie constante du changement plutôt que comme un événement (même si le changement climatique est susceptible de précipiter un événement catastrophique exigeant de s’adapter immédiatement). Même si le changement climatique « met au défi les populations vulnérables de résister au changement, de se ressaisir et de s’y adapter » les auteurs plaident pour des stratégies d’adaptation de grande portée qui répondent aux priorités globales de développement, plutôt que pour une approche isolée et souvent réactive qui ne tient compte que des effets du climat sur ​​les collectivités.

Si de nouvelles politiques doivent être favorisées aux niveaux national et régional pour mettre fin aux impasses qui nuisent à l’innovation et malgré les initiatives régionales et nationales prometteuses en matière de TIC – par exemple pour le partage des données et la cartographie, l’application au niveau local sera plutôt favorisée par des approches méthodologiques qui déterminent la pertinence des stratégies d’innovation locales utilisant les TIC. Celles-ci, comme le secteur des TICpD le sait bien, doivent incorporer les pratiques et les connaissances locales pour encourager l’adoption de l’innovation et l’adaptation. Dans ce contexte, il est donc nécessaire de s’intéresser aux variables locales, même si cela peut poser des difficultés en matière d‘évolutivité.

Dans plusieurs chapitres, les auteurs soulignent également la nécessité de relier les ressources, les pratiques et les savoirs locaux pour mettre en œuvre les stratégies de TIC. Les études régionales plaident pour une analyse approfondie des implications des TIC au niveau local, ce qui ressort d’un atelier à Johannesbourg en Janiver 2012, avec les chercheurs Angelica Ospina, Richard Heeks et Edith Adera, qui présentent une méta-approche conceptuelle qui tient compte de la variabilité et permet l’étude des dynamiques locales. Leur modèle précise le rôle particulier des TIC, mais ne fait pas nécessairement la promotion d’une approche centrée sur les TIC.

Tous les auteurs insistent sur la nécessité d‘élaborer des stratégies favorables aux pauvres et de programmes de recherche pour traiter en priorité les effets du changement climatique sur la sécurité de l’eau dans les collectivités vulnérables. Gilles Cliche et Miguel Saravia en font un impératif moral et insistent sur la nécessité d’agir dès maintenant, puisqu’il existe déjà des données suffisantes pour justifier cette action. Espérons que cette publication contribuera à remettre en question et de mettre à l‘écart certains des facteurs qui sont un frein à l’action.

Vous pouvez lire le résumé exécutif complet ou télécharger la publication entière [en anglais]: Application of ICTs for climate change adaptation in the water sector: Developing country experiences and emerging research priorities.

Pour en apprendre plus sur le travail d’APC par rapport aux TIC et l’environnement, visitez http://www.greeningit.apc.org

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