Le forum social mondial 2011 vient de se clôturer à Dakar au Sénégal. Jamais forum n’a surfé sur la vague des révolutions comme l’a été celui-ci.
La Tunisie était de toutes les lèvres. C’est, au dire de tous, la première révolution prolétaire du 21ème siècle. Les égyptiens aussi étaient présents dans les cœurs et les actions de tous. Quand le forum s’était ouvert, cela faisait déjà plus de deux semaines que la place Tahrir avait été pris d’assaut par des foules demandant le départ d’un des dictateurs les mieux installés du continent africain mais aussi du monde arabe. Dans toutes ces révolutions, les télévisions montraient des hommes mais aussi des femmes. Les réseaux sociaux en racontaient le courage et la détermination.
J’ai été particulièrement touchée par cette femme enceinte de 7 mois et qui avait déclaré qu’elle était sur la place tarir à cause de son fils à naitre. Elle ne se serrait pas déplacé autrement ; Elle voulait une autre Egypte pour lui. Voila. Le décor avait été planté.
Que ce soit en Tunisie où Ben Ali avait résolu finalement à s’exiler ou en Egypte où nous avons finalement appris que Moubarak était partie, ou encore au forum social mondial en plain Dakar, les femmes étaient de la partie.
Elles étaient partout et de tous les combats.
Les paysannes de Ziguinchor au Sénégal demandaient que la terre soit donnée à celles qui la cultivaient, celles du delta du Niger sont venues exprimer leur colère face aux entreprises de raffinage des produits pétroliers qui polluaient leurs champs et leur rivière, leur laissant sans aucunes ressources pour nourrir leurs enfants. D’autres on parlait de l’impact de la mondialisation sur les droits et la santé des femmes. Les états ne pouvaient plus subventionne les services de base.
La tente des femmes ne désemplissaient pas. Elles étaient les mieux organisées. Elles étaient parvenues à mobiliser leur base malgré le chaos organisationnel et logistique de Dakar.
Pour ma part, tout ce dynamisme n’a fait que me conforter dans l’une des positions que j’avais en arrivant ici. Pour qu’un autre monde soit possible, il faut que de plus en plus des femmes prennent la parole. Qu’elles analysent, dénoncent, partagent l’impact des politiques capitalistes sur leurs vies, les problèmes auxquelles elles font fassent quand elles deviennent des donneuses de soins dépourvues de ressources et quelles sont les activités de résistance qu’elles mènent tous les jours pour défier la fatalité.
Aujourd’hui les technologies de l’information et de la communication permettent cela. L’internet, le mobile, la vidéo ou encore la radio rurale permettent aux femmes d’amplifier leurs voix et d’en inspirer d’autres. Et si la plupart d’entre elles l’ignorent ou ne savent pas se servir de ces technologies, le partage des expériences sur les différentes campagnes mis en ligne avec l’APC WNSP a permis de dépasser cette barrière. Et si encore jusqu’au dernier jour, on criait partout que la révolution du peuple était en marche et qu’on se demandait a qui le tour, j’ai compris, en regardant les femmes du forum, les organisatrices, les oratrices, les lesbiennes parlant de l’homophobie, les paysannes ayant récupérés des terres cultivables sur les mangroves abandonnées depuis 10 ans en Casamance, les sahraouies défilant fièrement aux cotés de leurs frères marocains, et toutes les autres, je me suis dit que la révolution ne se fera pas sans les femmes .
Du Yémen en Afrique du sud, en passant par l’Algérie. Du Brésil au Rwanda ou l’inde a la République démocratique du Congo, elles comptent bien être à tous les autres rendez-vous. Celui du COP 17 (Conférence des Parties de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques) a Durban (RIO+20 sommet de la terre), les femmes seront là.