Quel impact peuvent avoir 16 jours de lutte pour éliminer les violences faites aux femmes ? Ces 16 jours d’activisme commencent le 25 novembre, nommée Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes par l’ONU, et se terminent le 10 décembre, qui marque la Journée internationale des droits humains.
Depuis 2006, ces « 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre » sont le point de départ de la campagne annuelle Réapproprie-toi la technologie ! pilotée par APC et soutenue par plusieurs groupes dans le monde entier. La campagne vise à sensibiliser aux dangers de la violence faite aux femmes en lien avec la technologie. Ce mois-ci, APC lance la campagne Réapproprie-toi la technologie ! 2022 sous forme de discussions sur les diverses constellations féministes en ligne qui se mobilisent autour de la recherche d’infrastructures alternatives en lutte contre la désinformation genrée et les actions pour rendre nos espaces plus inclusifs.
[Image: Affiche Réapproprie-toi la technologie ! par APC.]
AZUR Développement is a non-profit organisation based in the Republic of Congo that has been working with APC since 2009 on various projects aimed at eradicating gender-based violence. In November 2021, they participated in a local Take Back the Tech! local awareness campaign that raised awareness among 1,130 women, 1,247 girls, 357 men, 618 boys and 45 health workers about gender-based violence, its manifestations and means of redress.
AZUR Développement est une organisation à but non lucratif basée en République du Congo qui collabore avec APC depuis 2009 sur divers projets portant sur l’élimination de la violence basée sur le genre. En novembre 2021, l’organisation a participé à une campagne locale de sensibilisation Réapproprie-toi la technologie ! qui a permis de toucher 1 130 femmes, 1 247 filles, 357 hommes, 618 garçons et 45 agentes et agents de santé, sur le thème de la violence basée sur le genre, ses manifestations et les modes de recours.
Cette question est particulièrement sensible en République du Congo, qui enregistre parmi les taux les plus élevés de violence basée sur le genre et de violations des droits humains au monde, tel qu’APC a pu le remarquer au cours des précédents projets menés avec AZUR Développement. « C’est un pays qui émerge de plusieurs années de conflit armé, au cours desquelles les viols et la violence sexuelle ont servi d’armes de guerre. »
La campagne vise notamment à mobiliser les jeunes et des survivantes afin qu’elles s’expriment contre la violence basée sur le genre en ligne et hors ligne. La directrice générale d’AZUR Développement, Sylvie Niombo, a ainsi déclaré que « deux survivantes ont témoigné par le biais d’articles et de témoignages oraux ». Grâce au soutien de l’organisation, les survivantes ont dénoncé la violence qu’elles ont subie dans deux articles publiés sous anonymat dans la presse nationale, ainsi que sur les ondes d’une radio nationale, attirant ainsi une forte attention médiatique à l’échelle du pays et contribuant à sensibiliser sur ces questions essentielles.
[Image : Article dans le quotidien « Les Dépêches de Brazzaville » qui couvre les activités d’AZUR Développement dans le cadre de la campagne Réapproprie-toi la technologie !]
Sensibiliser pour avoir un réel impact
AZUR Développement a lancé des concours d’écriture, des défis artistiques et plusieurs sessions de prise de conscience et d’information dans quatre communautés, dans le cadre de son ambitieuse mission d’impliquer autant de personnes que possible dans des activités de sensibilisation à la violence basée sur le genre.
[Image : Affiche du concours d’écriture TBTT! d’AZUR Développement. Photo d’AZUR Développement.]
Grâce au soutien d’APC et de financements supplémentaires de l’Union européenne, neuf animatrices et animateurs ont reçu une formation pour mener à bien cette campagne et ont pu fournir un soutien et de l’information dans les villes de Brazzaville, Pointe Noire, Nkayi et Loutéte dans les « guichets uniques d’assistance » de l’organisation, des espaces où une aide est apportée aux femmes et aux filles victimes de violence.
À Brazzaville, les activités de la campagne incluaient « la pose des affiches, le déploiement des banderoles dans les coins de la ville dénonçant les actes de violence, la réalisation de 13 sessions de sensibilisation dans les écoles, dans les marchés, écoles, quartiers et dans les centres de santé ».
[Image : Session de sensibilisation de TBTT! à Brazzaville. Photo d’AZUR Développement.]
Dans le même temps, à Pointe Noire, « 14 sessions de sensibilisation ont été organisées dans les marchés et les centres de santé avec les femmes et les filles pour renforcer leurs connaissances sur leurs droits et sur les droits des enfants, sur les services du guichet unique d’assistance des femmes et filles victimes de violence ».
[Image : Session de sensibilisation de TBTT! à Pointe Noire. Photo d’AZUR Développement.]
À Nkayi, les animatrices et animateurs d’AZUR Développement ont proposé plusieurs séances de sensibilisation dans quatre écoles, trois centres de santé et sur plusieurs marchés, et ont organisé des activités de prise de conscience pour la toute première fois dans la ville de Madingou. Selon Charlène, la coordonnatrice locale de projet d’AZUR Développement dans ces localités, « environ 80 femmes, 245 filles, 147 garçons ont été sensibilisés lors des sessions organisées dans les marchés pour les deux localités ». L’organisation a ainsi pu entrer en contact avec 28 femmes et filles au cours de cette période, dont 11 qui avaient subi de la violence psychologique.
[Image : Session de sensibilisation de TBTT! à Nkayi. Photo d’AZUR Développement.]
Enfin, à Loutéte, AZUR Développement a pu mettre en œuvre « plusieurs activités de sensibilisation et d’information dans les lieux publics, pour éclairer les populations de cette localité sur la thématique des violences basées sur le genre ».
[Image: TBTT! awareness session in Loutéte. Photo by AZUR Développement.]
Ces activités, qui s’inscrivent dans la campagne des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre, sont marquantes tant par leur ampleur que leur portée ; et elles prouvent à quel point un petit groupe de parties prenantes peut avoir un impact considérable dans leur communauté. Outre l’éducation des enfants et des adultes à reconnaître et répondre à la violence basée sur le genre, « ces efforts de sensibilisation ont permis à AZUR Développement, une structure totalement investie dans la prévention et l’élimination de la violence à l’égard des femmes, de sensibiliser des personnes qui ne savaient pas qu’elles subissaient de telles violences. »
Reprendre le contrôle grâce à la solidarité et au soutien
Cette campagne démontre l’impact considérable des actions de sensibilisation dans les communautés. Les communautés sont plus fortes lorsque toutes les tranches d’âge de leur population sont sensibilisées. « Les personnes sensibilisées sont désormais au fait des différentes formes et des conséquences de la violence basée sur le genre. Elles peuvent la reconnaître, la rejeter et la dénoncer », continuait Sylvie Niombo.
Elle explique également que « [l]es femmes et les enfants sont victimes le plus souvent de violences domestiques et sexuelles, la majorité desquelles sont perpétrées par des parents proches. Des cas d’inceste et de violences conjugales sont aussi communs. » Cette situation est d’autant plus aggravée que le pays n’a qu’un accès limité à l’internet, ce qui signifie qu’il peut être particulièrement difficile pour les victimes de violence de trouver en ligne l’information et le soutien dont elles ont besoin.
Dans ce contexte, les nombreuses réalisations de la campagne Réapproprie-toi la technologie ! d’AZUR Développement se déclinent de plusieurs manières : elles ont permis de sensibiliser et faire comprendre la violence basée sur le genre dans plusieurs communautés, dans le but d’en freiner la prévalence ; et la campagne a, en parallèle, apporté un soutien direct à des victimes de violence basée sur le genre. Soixante-huit femmes et filles survivantes de violence sexuelle ont ainsi pu recevoir un soutien pour porter plainte à la police, afin que leur agresseur soit poursuivi en justice, rapportait Sylvie Niombo. Les victimes ont ainsi pu reprendre le contrôle de la situation, et possiblement prendre des mesures vers la guérison.
Alors qu’APC lance la campagne Réapproprie-toi la technologie ! 2022, nous accordons une immense valeur au travail pionner de membres tels qu’AZUR Développement, qui continue à repousser la violence basée sur la technologie par le biais d’études, de sensibilisation, de solidarité et de solutions collaboratives.
Pour rejoindre une campagne Réapproprie-toi la technologie ! locale, visiter la page https://takebackthetech.net/fr.
[Image : Affiche Réapproprie-toi la technologie ! par APC.]
Cet article est tiré des informations fournies par AZUR Développement dans le cadre du projet de « campagne locale de sensibilisation Réapproprie-toi la technologie ! » et adaptées au format de la chronique « Semer le changement ». La chronique « Semer le changement » présente les expériences de membres et partenaires d’APC qui ont bénéficié de financement proposé dans le cadre du programme de subventions secondaires d’APC, avec le soutien de Sida, ou de nos autres subventions secondaires proposées dans le cadre d’autres projets d’APC.
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Image principale : AZUR Développement