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Des centaines de syndicats, associations et ONG des quatre coins de l’Afrique ont convergé à Bamako pour le Forum Social Mondial Polycentrique (FSM), qui s’est terminé cet après-midi. Présentes en grand nombre, les organisations de défense des droits des femmes ont réclamé de meilleures conditions de travail et un accès accru à l’éducation.
Les femmes marquent de leur empreinte le premier FSM africain


Des centaines de syndicats, associations et ONG des quatre coins de l’Afrique ont convergé à Bamako pour le Forum Social Mondial Polycentrique (FSM), qui s’est terminé cet après-midi. Présentes en grand nombre, les organisations de défense des droits des femmes ont réclamé de meilleures conditions de travail et un accès accru à l’éducation.


Le continent africain a accueilli pour la première fois le FSM, qui en est à sa 6ième édition. Occasion unique de rencontre et de dialogue, le Forum de Bamako a porté la voix des femmes, qui sont venues en grand nombre.


Le droit au travail digne


Plusieurs syndicats de travailleurs étaient présents pour réclamer de meilleures conditions de travail pour la main-d‘œuvre féminine. La défense des droits économiques est un important cheval de bataille des groupes de femmes. La période 1997 – 2006, déclarée Décennie internationale pour l’élimination de la pauvreté, n’a pas donné les résultats escomptés. Les données et les statistiques disponibles indiquent que la pauvreté des femmes africaines a, dans les faits, augmenté durant les dix dernières années.


« Nous marchons pour réclamer le droit au travail décent », a affirmé Mamounata Cissé, Secrétaire générale adjointe de la Confédération internationale des syndicats libres (CISL), rencontrée lors de la marche d’ouverture du Forum. À ses côtés, des membres de syndicats maliens, ainsi que des organisations régionales africaines de la CISL, scandaient des slogans hostiles au néo-libéralisme.


Majoritairement regroupées dans le secteur informel, les travailleuses africaines exercent souvent leur emploi dans des conditions bien en deçà des normes internationales de travail. « La syndicalisation permet de garantir une protection sociale aux femmes en les aidant à se constituer en coopérative, en leur assurant un revenu et en contribuant à lutter pour un allègement de la charge des femmes », a expliqué Mme Cissé.


L’éducation, racine du changement


Le droit à l‘éducation est un leitmotiv des groupes féministes présents au FSM parce qu’il est la clé de leur émancipation économique. L’écart entre les sexes persiste, en termes d’accès, de réussite scolaire et de nombre d’années de scolarité et ce, malgré l’augmentation importante des taux de scolarisation au cours des 30 dernières années. D’après l’Association pour le développement de l‘éducation en Afrique, 19 pays d’Afrique subsaharienne ont des taux d’alphabétisation féminins inférieurs à 30 %, face à des taux masculins deux fois plus élevés. On estime que moins de la moitié des filles âgées de 6 à 11 ans fréquentent l’école.


Coulibaté Fané, représentante de la Coordination des Associations de Femmes du Mali (CAFO) indique que la mission principale de l’organisme est l’éducation des filles, qui fait grandement défaut. « La CAFO lutte pour que les filles aient accès aux établissements scolaires, ainsi que pour l’alphabétisation des femmes qui n’ont pas eu l’occasion d’aller à l’école. Leur alphabétisation est importante parce que les femmes composent plus de la moitié de la population. Sans elles, on ne peut pas prospérer, et donc toute la société en paie le prix », conclut-elle.


Les femmes à la base : un outil de transformation sociale


Pour Mme Kanabotara, de l’Association Kebayina des femmes du Burkina, l’amélioration des conditions de vie des femmes fait partie intégrante du progrès social. « Il faut enrayer les pratiques et les idées rétrogrades qui entravent leur épanouissement et celui de toute la société », a-t-elle expliqué.


L’organisation propose des activités de sensibilisation sur des problèmes d’éducation, de santé, de nutrition, d’environnement et de citoyenneté. « Ce sont les femmes à la base, celles qui sont mères au foyer et qui travaillent le dans le secteur informel, que nous ciblons par ces sensibilisations. »


L’importance de la présence féminine au FSM ne fait aucun doute, selon Mme Kanabotara. « Un monde où la femme est au cœur du changement est un monde meilleur », renchérit-elle.


Unir les forces


Au cours de ces cinq journées passées à Bamako, plusieurs organismes ont tissé des liens durables. Depuis la création du Forum social mondial, les rencontres revêtent une grande importance. Ces unions de force contribuent à accroître la portée de leur travail. « Le sens de notre participation ici est l’unité d’action. Il faut unir les luttes des femmes d’ici et d’ailleurs en Afrique et dans le monde, » rappelle Mme Kanabotara. Par exemple, la Confédération générale de travail du Burkina collabore avec Kebayina sur le dossier des « Gaciliennes », ces travailleuses exploitées puis subitement licenciées par une filiale burkinabée du groupe Yves Rocher.


Quant à elle, Mamounata Cissé a rappelé que « nous sommes ici pour montrer que tous les travailleurs du monde sont solidaires avec la population africaine, pour lutter contre la pauvreté, la dette et pour un commerce équitable ».


La présence de plusieurs organismes internationaux visait à démontrer leur solidarité avec les groupes africains, et à renforcer les relations entre les sociétés civiles du Sud et du Nord.


Pour un féminisme panafricain


Pour Doumbia Mama Koité, présidente régionale de FEMNET, le combat doit se faire de concert avec toutes les femmes africaines, car leur lutte est la même : « Le réseau FEMNET couvre tout le continent, les 53 pays africains. Il lutte pour les droits politiques, sociaux et économiques des femmes ».


Le FEMNET œuvre autant au niveau local que régional, continental et sur la scène internationale. « Nous souhaitons que les problèmes des femmes soient intégrés dans toutes les politiques africaines et mondiales. Nous nous battons contre la mondialisation sauvage qui ne prend pas en compte le visage humain. Nous sommes venues dire ce que nous pensons », a-t-elle déclaré.


Se tailler une place


Tant pour l’individu que pour les groupes qui militent en faveur des droits des femmes, se faire une place, être entendu demeure un important défi.


Interrogée sur son travail dans le milieu associatif, Mme Kanabotara accorde qu’ « au début c’était compliqué de travailler pour le Kebayina, à cause de la pesanteur de nos coutumes. Mais actuellement les gens commencent à comprendre la nécessité pour les femmes d’intégrer la société civile, car elles ne sont mieux défendues que par elles-mêmes. »


Selon Doumbia Mama Koité du FEMNET, les groupes de femmes doivent faire leur place partout où s’opère du changement. « Nous préparons une plate-forme que nous présenterons bientôt à l’Union africaine et aux Nations Unies. » Quel en sera le contenu ? « Un cri du cœur de femmes pour mettre fin à l’injustice. »



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