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Du 17 au 18 juin 2013, j’ai participé à la conférence sur les libertés en ligne connue sous le nom de FreedomOnline. Cette conférence, du nom de la coalition qui l’a mis en place a donné la part belle au continent sur lequel il avait atterrît. Au milieu de la tourmente mondiale sur la surveillance et la censure, nous nous sommes penché en particulier sur les libertés en ligne en Afrique et dans le monde arabe, car la Tunisie, comme tout le Maghreb a un pied dans les deux mondes.

Au cours de la dite conférence, lors que le représentant de la NSA américaine recevait de tonnes de questions sur sa façon de fonctionner et que bien qu‘éclaboussé par les récentes affaires d‘écoute de conversations téléphoniques, aussi bien aux USA qu’ailleurs dans le monde, le bureaucrate essayait poliment mais j’imagine aussi stoïquement de garder son calme face à des membres des partis pirates, aux hackers, aux sympathisants de wikileaks et d’autres cyber-révolutions, je me demandais dans mon fort intérieur ce qui faisait de la Tunisie, l’un des pays de la coalition, le 3ème africain a y adhéré et le 1er arabe?

Fidèle à ma tradition de reportage social (j’envoies des tweets et des messages Facebook en temps réel pour faire participer mes compatriotes et collègues aux réunions auxquelles j’assiste), j‘écrivais en ce moment là sur Twitter : « dans un pays où l’on est arrêté pour avoir chanté, où l’on est battu pour avoir porté une minijupe, peut-on vraiment parler de libertés en ligne? »

Je faisais référencé bien sur au chanteur Weld el 15 emprisonné pour 7 ans pour avoir exercé son droit à la création artistique en traitant la police tunisienne de “chiens bons à être égorgé” dans une chanson devenue très populaire à Tunis et de ces filles qui sont poursuivi de temps en temps, dans la rue, par des militants salafistes aux motifs qu’elles ne sont pas décemment vêtues.

Je ne parlais pas des fermé qui elles avaient enlevées leurs blouses politiquement pour montrer leur soutien à une jeune collègue militante accusée et écrouée pour avoir écrit sur un mur du cimetière, des bloggeurs dont l’un a été obligé de s’exiler ou encore de la journaliste Hind Meddeb, inculpée pour avoir exprimé son indignation après la condamnation du rappeur.

Comme le dira plus tard, dans la même conférence, une femme assise à coté de moi: « si j’enlevais le haut de mon tailleur ici, tout le monde criera au scandale. Elles (les femmes) devaient être arrêtées. » Sauf que quand on enlève son haut dans un espace public, aussi bien public que sur Facebook ou Twitter, cela peut être une façon de s’exprimer face à l’oppression d’une société où les lois empêchent les opposants d’exister.

J’avais aussi été invitée pour parler de l’accès et de l’inclusion des femmes sur Internet. Je peux vous dire que sur les 12 ateliers organisés durant ces deux jours à Tunis, le notre était le plus petit. Beaucoup des participants n’ont pas jugé utile de faire le déplacement. mais les débats étaient très intéressants: du paradoxe des filles de l’Arabie saoudite qui ne peuvent conduire mais ont les derniers Smartphones à la mode, de sorte qu’elles peuvent écrire ce qu’elles veulent sur le net, recréant ainsi un monde à eux, dans un univers « d’hommes », des femmes kenyanes qui profitent de la connexion rapide rendue possible par la fibre optique, pour développer des services sur Internet, des filles congolaises qui gagent assez de courage pour commencer à exercer leur droit à la parole sur les réseaux sociaux et dénoncer les violences sexuelles dont elles sont victimes.

Malgré cette plus grande inclusion, des différences existent. Les femmes et les filles sont encore moins présentes sur le net. La socialisation qui fait que les espaces publiques dont font partie Facebook ne soient pas pour eux, où que les taches ménagères ne puissent pas attendre qu’on se tappe le luxe de chatter avec ses amies, ou encore qu’on doive trouver l’argent pour se rendre dans un cybercafé, là où l‘équipement n’est pas disponible à la maison sont des choses qui font réfléchir.

Mais les sujets des femmes ne sont pas à confiner dans un seul atelier. Ils sont transversaux. Les questions des droits humains qui sont mis en jeu pour cause de sécurité me concernent aussi. Quand je prends toutes les dispositions physiques pour qu’en cas d’attaques de mon bureau, l’identité des femmes violentées que mon organisation aide, grâce à un service d’informations utilisant la technologie mobile, ne soient pas découvertes, j’aimerais être sure qu’en utilisant Dropbox, un service de google, ces informations ne seront pas simplement livrées au gouvernement, selon le principe que google respecte les lois des pays où il est implanté.

Quand la République démocratique du Congo a décidé, en 2011, de boquer tous les SMS durant un mois, pour atténuer les violences postes électorales, ils auraient du savoir que ce n’est pas qu’un service qu’ils bloquent, mais violent les droits de tous à l’information et la liberté d’expression de ceux légitimement s’oppose au gouvernement en place.

Une cyber activiste algérienne, combattante pour la démocratie dans son pays mais qui a étudiée aux États-Unis, l’a bien exprimé. En regardant tout droit le représentant de la NSA, elle a posé la question de savoir puisque selon les critères aléatoires de cette administration, elle correspond aux critères des personnes à surveiller à travers le monde, elle pourrait être tué par une frappe, juste par ce que sa position géographique a été communiqué à un drone.

Au cours de ces deux jours de rencontre, je pense que le fait que des entreprises comme Google, Facebook, les représentants des gouvernements et autres institutions qui régulent l’internet sachent qu’il y a des vies humaines attachées à leurs décisions plus que des enjeux politiques, et que les activistes de tout bord continuent à leur dire que nous sommes là et nous ne voulons pas que ce que nous croyons dépendent de ce que pense un fonctionnaire dans un bureau climatisé est le plus grand succès que je puisse noter.

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