Le présent communiqué a été originellement publié par ASUTIC.
Dans le contexte actuel de limitation des déplacements et de distanciation sociale pour stopper la propagation du COVID-19, il est vital, que les populations démunies, en particulier, celles mal desservies et à risque, comme les personnes à faible revenu, aient accès à une connexion Internet de haute qualité.
Le Sénégal, qui a adhéré aux objectifs de développement durable des Nations Unies, y compris la cible 9.c, qui appelle à « augmenter considérablement l'accès aux technologies de l'information et de la communication et de s'efforcer de fournir un accès universel et abordable à Internet dans les pays les moins avancés d'ici 2020.», a fait une avancée importante de digitalisation de la vie des populations.
En effet, le nombre d’utilisateurs d’internet par rapport à sa population, d’un taux de 8% en 2010, soit environ 1 million d’utilisateurs, le Sénégal est passé à 46% en 2017, selon les statistiques publiées par l’IUT et la Banque Mondiale, sur une population de 15256346 selon l’Agence nationale de la Statistique, soit environ 7 millions d’utilisateurs
Malgré ce grand bond en avant, le Gouvernement du Sénégal continue de prendre d’importantes décisions depuis 2016 pour démocratiser l’accès au haut débit, et d’en finir avec les déserts numériques.
A cet égard, pour inciter les opérateurs télécoms à couvrir les zones mal on non desservies, le Gouvernement du Sénégal a décidé en novembre 2019, par un décret et un arrêté ministériel, une baisse de 20% sur les redevances d’utilisation des fréquences radioélectriques des opérateurs de téléphonie mobile et de 25% pour les fournisseurs d’accès internet (FAI).
Ces efforts du Gouvernement doivent être fortement accompagnés par les FAI, en cette période de COVID-19, en facilitant l’accès à internet aux populations démunies, surtout celles en milieu rural où le télétravail et les cours en ligne restent encore une réalité inaccessible.
Dès le début de l’épidémie au Sénégal, l’Autorité de Régulation des Télécoms (ARTP) s’est réuni avec les opérateurs de téléphonie mobile pour identifier les moyens à mettre en place pour participer à la lutte contre le covid-19.
Au final, aucune action pour les populations démunies du Sénégal, encore moins des initiatives pour connecter les 8 millions de sénégalais qui sont encore exclus du numérique. Pire encore, le COVID-19 est perçu par les opérateurs comme une opportunité pour maximiser leurs chiffres d’affaire.
Déjà, dans leur communication, Orange-Sonatel et Free ont mis en exergue qu’ils sont aux cotés Gouvernement du Sénégal, en oubliant leurs clients. Comme quoi, en Afrique et au Sénégal en particulier, le centre de profit n’est l’abonné mais le Gouvernement.
Orange Sénégal a annoncé le montant d’1 milliard 500 millions FCFA destinés à soutenir l’Etat du Sénégal. Cependant dans ce montant, aucune aide aux populations démunies du Sénégal, ni sur le service téléphonique, ni sur l’accès internet, ni sur le transfert d’argent par Orange Money, tout au plus, la gratuité du Pass Éducation de 1Go des étudiants et élèves pour trois (3) semaines.
Au même moment, Orange Cameroun offrait à ses abonnés, entre autres mesures, une baisse tarifaire de 30% sur les forfaits internet résidentiels et la gratuité sur les frais de transfert d’argent.
Orange Sénégal s’est plutôt s’intéressée aux privilégiés de ce pays qui ont la fibre optique, en leur offrant une hausse de débit. L’abonné qui trime pour acheter une connexion internet de 100 FCFA pour pouvoir juste envoyer un message n’est au cœur des préoccupations d’Orange Sénégal.
Free Sénégal est aussi dans la même dynamique qu’Orange Sénégal dans la lutte contre le COVID-19, se mettre au service du Gouvernement, en oubliant ses clients, alors qu’en France, Free a pris des mesures pour venir en aide à ses abonnés. Non seulement au Sénégal, cet opérateur n’a fait aucun effort pour aider ses clients à faible revenus, mais lui aussi, essaie de profiter cette pandémie pour mieux vendre ses services.
Quand, à l’opérateur Expresso Sénégal, il a plus besoin d’un plan de sauvetage pour ne pas être évincé du marché que de soutenir les efforts de lutte contre le COVID-19. Aussi, l’aide qu’il apporte, aux élèves et étudiants, ne peut être que très apprécié.
Enfin, les trois (3) FAI (Arc informatique, Waw SAS, Africa Access), silenceux depuis le début du COVID-19 au Sénégal, ce qui n’est guère étonnant, tant ils ne se sont jamais fait distingués, en termes ni d’accès, ni de qualité, ni de prix, depuis leur entrée en mars 2018, dans le marché de l’internet au Sénégal.
D’ailleurs, leur part de marché est de 0,03% au 31 décembre 2019, selon l’observatoire de l’internet de l’ARTP. Donc, on ne peut rien espérer de ces FAI, en cette période de besoin urgent en connectivité.
Au moment ou au Sénégal, les opérateurs tournent le dos aux personnes à faible revenus, des mesures fortes sont mises en œuvre, partout en Afrique, pour réduire la fracture numérique en augmentant l'accessibilité et l'abordabilité de l'accès à Internet dans les déserts numériques.
Ainsi, au Kenya l’opérateur Telkom a mis en service des antennes relais montées sur des ballons stratosphériques pour raccorder les zones rurales à internet, tandis que l'opérateur Airtel a offert la gratuité sur sa plate-forme d'argent mobile, Airtel Money, pendant 90 jours. Toujours au Kenya, l’opérateur Safaricom a également rendu gratuit toutes les transactions de personne à personne sur M-Pesa inférieures à 1 000 shillings kenyans (environ 6000 FCFA) pendant 90 jours.
MTN le géant Sud-Africain des télécoms, présents dans 21 pays s’est mobilisé pour soutenir ses clients dans tous les pays africains ou il est présent contrairement au géant Français des télécoms Orange, présent dans 26 pays.
Les exemples sont nombreux d’efforts effectués par des opérateurs en vue de soutenir les plus populations démunies et de raccorder les zones non-connectées en cette période de pandémie.
Au Sénégal, malgré le soutien à plusieurs milliards de FCFA du Gouvernement aux opérateurs de téléphonie mobile et FAI, il y a juste quelques mois, ils ne se sont pas mobilisés pour permettre aux sénégalais à faible revenus, aux zones rurale exclues du numérique, d’être connectés en cette période où il est indispensable et vital d’avoir un accès à internet.
Aussi, ASUTIC appelle les opérateurs de téléphonie mobile et Fai, à un sursaut patriotique, en étant enfin du côté des sénégalais par des actions citoyennes.
Dans ce sens, ASUTIC recommande aux opérateurs de téléphonie mobile et FAI:
-
La gratuité de la connexion internet de 100 FCFA pour une période donnée;
-
Des tarifs sociaux de connexion internet;
-
Des initiatives pour connecter les zones non-connectées;
-
La gratuité des frais de transferts d'argent de petits montants pour une période donnée;
-
Des tarifs sociaux de communication mobile.